C’est une présidente sud-coréenne politiquement affaiblie qui devait entamer mercredi soir 1er juin une visite d’Etat de quatre jours en France marquant cent trente ans de relations diplomatiques. Après avoir fait étape dans trois pays africains, Park Geun-hye achève dans l’Hexagone une tournée de douze jours censée redorer son image à domicile.
Sur la scène intérieure, les dernières législatives ont en effet affaibli Mme Park. Le 13 avril, son parti, le Saenuri (Nouvelle Frontière, droite), a perdu la majorité pour ne conserver au Parlement que 122 sièges (contre 152 avant le scrutin), tandis que le parti démocrate Minjoo en gagnait 123. Au sein même de sa formation, Mme Park est critiquée pour avoir imposé des candidats trop proches d’elle. Son programme économique pèse également sur sa cote de popularité : son intention de faciliter les licenciements lui a valu le mécontentement à l’heure où les jeunes Sud-Coréens s’inquiètent des difficultés pour trouver un emploi.
Cette nette défaite, à laquelle le camp de Park Geun-hye ne s’attendait pas, a réduit la marge de manœuvre de la présidente conservatrice. Le parti Minjoo, avec lequel elle doit désormais composer, voit notamment d’un mauvais œil la ligne dure qu’elle tient face à la Corée du Nord.
Après un quatrième essai nucléaire, le 6 janvier, la République populaire démocratique de Corée a procédé en février à un lancement de fusée interprété comme un essai de missile balistique. En réponse, Mme Park avait fait fermer la zone de Kaesong, un parc industriel où des entreprises du Sud employaient des Nord-Coréens, seul projet de coopération qui subsistait encore entre les deux pays.
Retour au socle traditionnel
Même l’orientation diplomatique suivie depuis sa prise de fonction, en février 2013, par la fille du dictateur Park Chung-hee (au pouvoir de 1961 à son assassinat en 1979) est remise en cause. Mme Park avait misé sur sa proximité économique avec la Chine de Xi Jinping pour faire pression sur Pyongyang, mais le retour des tensions dans la péninsule l’a contrainte à revenir davantage au socle traditionnel qu’est la protection militaire de l’allié américain.
Dans cette position difficile, la question du candidat que le parti Saenuri mettra en avant lors de la prochaine présidentielle, en décembre 2017, se pose déjà. Le mandat de cinq ans n’est pas renouvelable. Selon les sondages, le candidat du Minjoo pourrait l’emporter en décembre 2017, à moins que l’actuel secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dont le second mandat s’achève à la fin de 2016 à New York, ne vienne prendre le relais. En visite sur l’île de Jeju, mercredi 25 mai, M. Ban, conscient de sa position d’homme providentiel, confiait ouvertement : « J’ai tenu un passeport de l’ONU jusqu’à présent, mais à compter du 1er janvier 2017 je serai de nouveau un citoyen coréen. Je m’interrogerai davantage sur mon rôle en tant que tel. »
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